Mise au point, de Jacky Dahomay

Publié le par David Dahomay

Ci-après cette mise au point de mon père, Jacky Dahomay, qui répond aussi implicitement aux propos du très sarkoziste Frédéric Lefebvre sur les tontons macoutes:

Le journal France Antilles a publié en exergue, dans son édition de mardi dernier, une supposée citation de moi dans laquelle je traiterais les dirigeants de LKP de « tontons macoutes ». A ma connaissance, je n’ai donné nulle interview à ce quotidien et j’ai l’habitude d’exprimer directement mes points de vue, que ce soit par voie écrite ou par voie orale dans la presse.

 

Cette manière de faire n’est pas correcte. France Antilles aurait pu me demander directement ce que je pense de la situation actuelle, n’ayant jamais peur d’exprimer publiquement mon point de vue. Je profite de la présente mise au point pour clarifier ma position sur le mouvement actuel.

 

Je ne crois pas que les dirigeants de LKP soient des « tontons macoutes », car ces derniers pour tous ceux qui connaissent un tant soit peu Haïti, sont des criminels. Beaucoup de dirigeants de LKP sont liées à moi pour des raisons familiales, amicales ou autres et je ne les tiens pas du tout pour des criminels. Cela est le premier point.

 

Deuxièmement, j’ai soutenu publiquement et concrètement la grève générale initiée par LKP  car j’y ai vu une autre manière de faire du syndicalisme en évitant les erreurs passées, une maîtrise du mouvement. Pour moi, ces dirigeants ont eu le mérite de faire émerger une véritable société civile guadeloupéenne, ce qui est une première depuis 1946. J’ai souligné aussi la dimension internationaliste du conflit et j’ai défendu la cause de ce mouvement auprès de l’opinion publique internationale, métropolitaine en particulier. Je me suis abstenu aussi durant toute cette période de critiquer les points négatifs du mouvement, attendant une période plus constructive pour le faire entre Guadeloupéens. La seule réserve ou critique que j’ai exprimée publiquement est le danger que les dirigeants de LKP soient tentés de croire que le pouvoir social acquis magistralement dans la rue puisse être transformé en pouvoir politique sur toute la société.

 

Il est vrai que dans le passé, j’ai critiqué les méthodes « macoutiques » d’un certain syndicalisme, notamment certaines tendances de l’UGTG. Je ne confonds pas macoutique et tontons macoutes. Pour moi, le macoutisme est une forme d’autoritarisme propre à nos sociétés issues de l’esclavage. La société esclavagiste engendre dans nos sociétés un rapport flou à la loi. Le rapport à l’autre est souvent médiatisé par la violence. Dans le rapport aux enfants, à la femme, aux animaux et aussi dans la politique. On n’a qu’à penser aux « donneurs de fraîcheur » de Légitimus et, jusqu’à une époque récente, aux élections violentes avec Balin à Anse-Bertrand et encore à Marie-Galante. Je maintiens mes critiques concernant certaines dérives de l’UGTG même si je pense qu’après la défection des gens de ma génération, l’UGTG  a dû continuer seule le combat syndical et maintenir la question sociale à l’ordre du jour et je mets quiconque au défi de me contredire sur ce point. Dans ma vie personnelle, j’ai eu à subir ce macoutisme quand, avec d’autres, j’ai créé le journal Jougwa.  Je suis prêt à affronter toute discussion publique sur cette question. Je crois qu’effectivement, à la fin du conflit, certains de ces vieux démons ont réapparu et ont quelque peu affaibli l’audience de LKP  Les tontons macoutes ne sont rien d’autre qu’une exagération mortifère du macoutisme caraïbéen ambiant. Par ailleurs, je suis persuadé que les colonies françaises ont hérité de la France une culture de la volonté, héritée de Rousseau alors que les colonies anglaises s’appuient d’avantage sur une culture de la loi. Voilà pourquoi les anciennes colonies françaises ont plus de mal à instaurer des régimes démocratiques que les colonies anglaises. Enfin, je souhaite que le mouvement initié par LKP se transforme en un véritable développement de la société civile qui seul selon moi pourra permettre aux Guadeloupéens, démocratiquement, de choisir leur destin. Il y a d’autres critiques que j’adresse à LKP mais il me semble qu’il faut le faire dans un climat de discussion plus serein.

 

Concernant Domota. Il m’est beaucoup plus sympathique que beaucoup de dirigeants syndicaux traditionnels. Je n’accepte pas qu’il soit accusé de racisme et je l’ai dit lors d’une interview à Europe I. Je suis prêt à monter au créneau pour défendre Domota s’il est accusé de racisme. Toutefois, Domota a commis une faute politique qui n’est pas dû au racisme et on peut comprendre qu’un jeune subitement promu dirigeant d’un mouvement à large contenu international, puisse commettre des erreurs. Sa faute consiste en ce que ses propos pouvaient être interprétés de différentes manières. Lorsqu’on est dirigeant à un tel niveau de responsabilité, quelle que soit la fatigue, on fait attention à ce que l’on dit, surtout dans un pays où la question raciale est d’une grande complexité. Domota a donc prêté le flanc aux critiques de ceux qui sont radicalement adversaires d’une quelconque émancipation de la Guadeloupe.

 

Voilà. Pour le reste, je suis prêt à discuter avec toute personne sur l’avenir de la Guadeloupe, même si on me traite sur les ondes de « chien à blanc » ce qui, tout le monde peut le constater, n’a absolument aucun effet sur moi.

 

 

Jacky Dahomay.

Publié dans refonder la gauche

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D
Extrait du poème de Victor Hugo tiré de L'année terrible (1870)<br /> <br /> "A ceux qu'on foule aux pieds"<br /> <br /> Oh ! je suis avec vous ! j’ai cette sombre joie.<br /> Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie<br /> M’attirent ; je me sens leur frère ; je défends<br /> Terrassés ceux que j’ai combattus triomphants ;<br /> Je veux, car ce qui fait la nuit sur tous m’éclaire,<br /> Oublier leur injure, oublier leur colère,<br /> Et de quels noms de haine ils m’appelaient entre eux.<br /> Je n’ai plus d’ennemis quand ils sont malheureux.<br /> Mais surtout c’est le peuple, attendant son salaire,<br /> Le peuple, qui parfois devient impopulaire,<br /> C’est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,<br /> Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;<br /> Je défends l’égaré, le faible, et cette foule<br /> Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule<br /> Et tombe folle au fond des noirs événements ;<br /> Etant les ignorants, ils sont les incléments ;<br /> Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire<br /> À vous tous, que c’était à vous de les conduire,<br /> Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,<br /> Que votre aveuglement produit leur cécité ;<br /> D’une tutelle avare on recueille les suites,<br /> Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes.<br /> Vous ne les avez pas guidés, pris par la main,<br /> Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;<br /> Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.<br /> Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;<br /> C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité.<br /> Ils errent ; l’instinct bon se nourrit de clarté ;<br /> Ils n’ont rien dont leur âme obscure se repaisse ;<br /> Ils cherchent des lueurs dans la nuit, plus épaisse<br /> Et plus morne là-haut que les branches des bois ;<br /> Pas un phare. A tâtons, en détresse, aux abois,<br /> Comment peut-il penser celui qui ne peut vivre ?<br /> En tournant dans un cercle horrible, on devient ivre ;<br /> La misère, âpre roue, étourdit Ixion.<br /> Et c’est pourquoi j’ai pris la résolution<br /> De demander pour tous le pain et la lumière.[...]
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B
à David :<br /> <br /> t'aurais pu mettre : Frédéric Lefebvre, comtesse des Flandres<br /> je précise, c'est une insulte vu qu'il est pas pédé, il paraît<br /> <br /> et s'il avait voulu insulter Domota, il lui aurait dit tout simplement : " nègre de carnaval"<br /> <br /> Messieurs, comme d'hab, je ne vous salue pas car vous êtes au PS<br /> en ce jour de la St Patrick, je suis passée boire une bière comme le veut la tradition<br /> Sur l'avenir de la Guadeloupe, voyons, ce serait bien si il y avait des cinémas utopia avec des carnets de tickets à 4 euros 50 la place, pour voir la sélection spéciale<br /> par exemple :<br /> Harvey Milk<br /> Au diable Staline, vives les mariés<br /> Tulpan<br /> benjamin Button<br /> le déjeuner du 15 août<br /> Gran Torino <br /> <br /> et la journée de la jupe<br /> yiha !
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C
Oser affronter des verites c'est quelque part etre responsable de ses actes Il y a des leçons a retenir Pour Domota meme si il a commis des erreurs de jeunesse rendons lui homage il a su garder la tete froide L'exmple guadeloupen fera tache dans l'exagone merci de nous avoir laisser croire a la reunifications des blacks
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L
Vous lisant je vois encore une bonne raison d'être toujours curieux toujours aux aguets de ce qui ne se dit pas dans les médias officiels de la république des communicants. Il me semble que quand le peuple prend en main sa propre émancipation, cela pose problème à bon nombre, ceux par exemple qui pensent que le pouvoir est un hochet de droit divin. Je salue ici la clarté de votre propos. En tant que "blanc" et aussi en tant qu'homme qui ne voit que des hommes sous l'emprise de la chaîne. Quelque puisse être la forme que prend la chaîne.
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